Bihi sollicite –humblement- la compréhension, l’indulgence du 360. Quand la plume lui gratte les phalanges puis brûle les doigts, il a beau résister à la tyrannique, à l’irrépressible envie de cliquer pour ouvrir une page blanche.
Au 360, certaines chroniques traînent entre le fait tout divers et l’anecdote la plus plate alors que l’actualité se ploie et geint sous le poids de tant de faits si pesants qui s’imposent au regard et torturent l’esprit : Pourtant, un peu partout dans le pays, on manifeste spontanément pour exprimer ses colères, dénoncer les dérives et les faillites des politiques publiques, on décrie un népotisme jamais aussi tentaculaire, diverses discriminations, les réseaux d’influence, la corruption ondoyante et rampante, on souffre des retombées d’une gouvernance dominée par une caste d’hommes d’affaires et on réprime naturellement pour renouer avec d’anciennes pratiques, non encore tout à fait oubliées. Pourquoi tout ou presque tout passe –t-il aux chroniques 360, sans gêne et sans vergogne, comme si tout y est permis ? La renommée des plumes y compenserait-elle toute forme de médiocrité et la notoriété y conjurait-elle la moindre critique ? Jusqu’à quand la presse, toute la presse continuerait-elle à couler de si beaux jours sous un ciel aussi couvert. ?!
Cette fois, Bihi ne citera pas de nom, on s’y reconnaîtra sûrement. D’un célébrissime chroniqueur, il n’écrira plus mot. De guerre lasse. Plus de temps pour souffler sur la poussière de ses chaussures pourtant régulièrement cirées.
Arrêtons-nous donc à deux chroniques comme à l’arrachée et comme au bout d’une table griffonnées mais, d’évidence, naturellement toutes deux inspirées de réalités qu’on feint d’ignorer et que, à l’occasion, on semble découvrir.
La première (17.9.25) s’inquiète de la place à accorder à la culture dans le cadre de cet exceptionnel et large effort national exigé par les préparatifs à entreprendre pour la grande messe du FOOT dont le Royaume abritera en 2030 certaines manifestations; surtout, n’oublions pas la culture ( ?) ; c’est là une exceptionnelle opportunité pour multiplier les moyens, baliser les voies de sa promotion, exhiber ses spécifiques et divers joyaux, conseille-t-on. Mais de quelle culture serait-il question ? De larges, immenses régions du Royaume, ses campagnes et ses montagnes demeureront à la marge de l’Evènement et leurs cultures (au pluriel) ne seront que peu ou pas concernées. La Culture, il faut en aller chercher les vraies manifestations dans ses milieux naturels ; déracinée, transplantée, nomadisée, elle se ‘’folklorise’’, se transfigure et perd son âme ; les langues du terroir, la geste culturelle du terroir, les arbres et les hauts murs en pisé du terroir rechignent à bouger et, comme les déserts, ne s’offrent pas aux amants d’un jour…Les pistes rurales ne mènent pas à Rome, elles s’arrêtent aux portes des villes.
La culture pourquoi pas…mais ! Whay not …but !.
Mais force est de constater, de relever, comme il est nécessaire de rappeler que le débat se situe ailleurs : Le bon sens populaire, les exigences morales de la justice et de la solidarité sociales se heurtent à la Raison politique. On ne peut s’empêcher de s’interroger et on s’interroge partout avec différents accents sur , l’opportunité, les modalités, les répercussions, les avantages financiers et politiques d’un évènement de cette échelle et d’une telle importance. A un moment où des mouvements de protestation et d’indignation se multiplient un peu partout dans les campagnes, gagnent les centres urbains mais aussi des villes du pays de plus en plus nombreuses, où des revendications de plus en plus insistantes révèlent l’état dégradé et piteux d’hôpitaux de réputation nationale, où les zones rurales de plaines et de montagnes, plus au moins enclavées et oubliées souffrent de toutes les relégations et criantes discriminations : Enclavements, écoles fantômes, dispensaires simulacres et déserts médicaux, au moment où l’Education nationale piétine, où l’Enseignement supérieur se tortille pour une nouvelle fausse , se convulse pour une douloureuse apparente mue, où la Recherche scientifique se résigne à/ se plaint de ne pouvoir faire que ce qu’elle peut, au moment où l’incompétence triomphe à des postes politiques stratégiques, sociaux mais aussi économiques.
Quoiqu’agrippés d’abord à leurs conditions sociales et parce que mus par leurs revendications essentielles, de très nombreux citoyens sont confrontés à un faux dilemme : La coupe mondiale de football ? Peut-être ! Pourquoi pas ! Mais, dans quelles conditions ? Car i y a tout le reste qui doit, en priorité, aller au bien-être du plus grand nombre, à la justice sociale et à la solidarité nationale. La culture ne pousse pas là où les précarités prospèrent et fleurissent… et le ballon ne roule ni glisse aussi allègrement sur tous les terrains…et sérieusement ! le Foot vaut -il vraiment une belle tresse comme jadis Paris une royale messe ?.
La deuxième chronique du 20.9.25 aborde un vieux suranné problème que l’on feint encore une fois de découvrir et révéler au grand jour. On ne peut continuer à inaugurer quand on ne s’évertue point à entretenir, nous conseille-t-on encore. Entretenir quoi ? D’abord nos espaces verts de proximité pour ne parler que de ceux-là. Désolants et affligeants spectacles ! Bihi refuse d’aligner quelques mots pour les décrire et compte sur l’effet rhétorique d’une phrase elliptique, bien tournée.
Le père à Bihi lui a dit un jour : « Si une pierre empêche l’araire d’avancer, arrache-la ».
Sans doute, faut-il commencer par arracher toutes les pierres qui jonchent les esprits de ceux, parents d’abord, instituteurs ensuite, partenaires de l’éducation, de la famille et de l’école ; ne portent-ils pas la lourde responsabilité d’avoir failli à inculquer aux enfants très tôt l’idée que le bien commun est sacré, à n’avoir pas intégré (par la parole et par l’exemple) aux premiers apprentissages le principe que le respect des biens publics, des différences de genre, de couleur, de religion est la première valeur morale de toute vie en société et le fondement politique de toute démocratie. Nos enfants n’ont et ne reproduisent que l’éducation que nous leur donnons. Ils deviendront demain ce que nous sommes aujourd’hui. Les tendances à la délation, à l’hypocrisie, au mensonge, à l’égoïsme, au mépris du plus pauvre, du plus faible semblent cimenter une éducation dont nous ne manquons pas de déplorer les effets négatifs aujourd’hui ; ce qui n’empêche pas de les voir se banaliser sous nos yeux.
Bihi Abrayyim